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Notes du cours AS/FR 3130 6.0 Sémantique et lexicologie du français / French Semantics and Lexicology

Notes sur Henriette Walter, «Les facteurs de la dynamique» (327-340).

Freins et accélérateurs: D’abord, Walter oppose les facteurs de tradition, conservatisme et stabilité (l’école, les institutions, l’Académie française, la langue écrite) aux facteurs de mouvement et diversification (besoins expressifs, changements sociaux, langue de la publicité, «transgression» des règles et absence de «correction».

L’Académie française et son dictionnaire: Le premier fascicule de la 9e édition a vu le jour en 1986, 51 ans après la 8e. Décidément, les Académiciens traînent de la patte! Certaines entrées populaires ou argotiques surprennent, face à la définition résolument conventionnelle du «bon usage»: «celui qui est consacré par les gens les plus éclairés». En général, les dictionnaires sont en retard par rapport à l’usage quotidien qu’on fait de la langue.

Nouveautés orthographiques: Vraiment peu nombreuses dans ce dictionnaire traditionnel, se limitant surtout aux nuances et subtilités des signes diacritiques. Par son conservatisme et sa lenteur, le dictionnaire de l’Académie a perdu toute son autorité. Ceux qui désirent connaître le bon usage contemporain feraient mieux de consulter plutôt le Petit Robert ou le Petit Larousse, constamment remis à jour. Pourtant, l’Académie garde sa valeur d’abstraction et de symbole d’un français stable, permanent, pur et dur. Tout cela vient de l’époque de la monarchie absolue, soutenue par l’Église catholique et Monseigneur le Cardinal de Richelieu.

La langue et l’État: La problématique actuelle n’est plus celle de définir ce que c’est que le bon usage, mais plutôt celle de mettre au point la dénomination de nouvelles notions, de nouveaux appareils et de nouvelles technologies. D’où l’importance des commissions de terminologie, chargées de proposer des mots français pour désigner ces nouveautés techniques. D’où diverses mesures de protection de la langue française prises par l’État depuis 1975.
Faute d’intervention vigoureuse sur le plan linguistique, c’est le terme anglais qui risque de s’imposer dans l’usage quotidien. L’opinion publique est généralement hostile à ce genre de mesures interventionnistes, qu’elle ressent comme une atteinte à la liberté individuelle, à la liberté d’expression. Comme chacun sait, la France est le foyer de la liberté, de l’égalité, de la fraternité.

La communication de masse: Malgré les freins que lui opposent les institutions, les mouvements de la langue française paraissent s’accélérer, et cela à cause des communications de masse, la radio-télévision et l’informatique. Ce qui fait que les innovations lexicales se propagent à une vitesse accrue.

Innovation ou barbarisme? Les innovations lexicales peuvent être des indices de la bonne santé d’une langue capable de se renouveler, répondant à des besoins expressifs et communicatifs. À l’inverse, on peut condamner telle innovation sous prétexte que telle forme n’est pas dans «le» dictionnaire, donc par définition inacceptable. Qu’en pensez-vous? Avez-vous jamais perdu un demi-point pour avoir dit un probablement canadien à la place d’un sans doute bien français?

La publicité et la langue: La publicité, domaine privilégié de la création lexicale. Autrefois, seuls les poètes avaient le droit d’innover mais, demande l’auteure, lit-on beaucoup les poètes de nos jours? La publicité a développé tout un art d’informer et de convaincre, qui associe l’image, le son et la parole. Les uns déplorent le triomphe du capitalisme en matière d’innovation linguistique, les autres admirent et analyse le subtil art de la publicité, dont le but est d’attirer et retenir l’attention, dans l’espoir de vendre un produit ou de faire mieux connaître sa marque de commerce.

La «langue de la pub» en tête du peloton: La publicité ose se libérer du carcan où des siècles de bon usage contraignant l’avaient enfermé. Est-ce pour cela qu’on l’aime tant? Citez quelques termes de la publicité et des communications de masse qui avaient choqué le puriste René Étiemble en 1966. Est-ce que ces termes vous dérangent? Ces termes sont-ils toujours d’usage courant?

Des formations plus osées: Certaines innovations choquent par leur morphosyntaxique non traditionnelle. Choisissez un exemple de ce verset et expliquez en quoi il n’est pas conforme au «bon usage» de la grammaire traditionnelle. En quoi il est conforme à des structures existantes et parfaitement bien acceptées. Exemples: parler polaroïd, fermer boutique, mener guerre (= parler argent, affaires, vacances), habillez confortable (trouver bon, sentir bon ~ sentir mauvais).

Les sigles et leur signification: Dans l’encadré (Kit, p. 162) combien de sigles reconnaissez-vous?

La publicité joue avec la langue: Commentez l’humour d’un exemple présenté dans ce verset.

Allo tobus? Allo pital? Qu’est-ce qu’il y a d’avantageux dans ce genre de publicité?

Les retombées «culturelles» de la publicité: Pensez-vous que ce genre de publicité aide à vendre le produit? Dans la négative, pourquoi la ferait-on?

… mais les tabous demeurent: Les tabous de qui? Le conservatisme est-il toujours mauvais?

Les jeunes et les moins jeunes: Walter croit que la langue de la publicité est la langue des jeunes, langue qui choque les «moins jeunes» par sa trop grande expressivité ou par son manque de discipline traditionnelle. C’est comme si les entreprises voulaient s’attirer des clientèles jeunes, qui achèterait longtemps leurs produits, p. ex., Pepsi, Du Maurier, le National Post ou le Toronto Star. Qu’en pensez-vous?

Et maintenant? Certains craignent qu’à force d’innovations incontrôlées ou indisciplinées, on finisse par ne plus se comprendre. Pourtant, les locuteurs imaginatifs arrivent généralement à contourner les ambiguïtés. D’autres ont peur de l’anglicisme, mais dans certains cas, un nouveau terme véhicule une nuance nouvelle ou comble une lacune sémantique. Tel est le cas de sponsoriser vis-à-vis de commanditer, parrainer ou patronner), nominer par rapport à nommer. On se souviendra de l’italo-canadien backayarda, qui désigne une réalité anglo-saxonne, un concept qui n’est pas courant en Italie, là où, si on a de la chance, on a une cour (parfois partagée avec d’autres familles).

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