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Cours AS/FR 2100 6.0: Initiation à la description linguistique du français / Introduction to the Linguistic Study of French

Semaine du 1 mars 1999

Pour ceux qui veulent obtenir les accents français à partir des ordinateurs du Centre multimédia, voici des renseignements pratiques, fournis par Diane Beelen Woody, directrice de l’établissement. Pour produire les accents et les signes de poncuation sur le clavier US international, voici comment faire:

  • l’accent aigu – l’apostrophe suivie la voyelle «e» (minuscule ou majuscule) = é, É
  • la cédille – l’apostrophe + la consonne «c» (minuscule ou majuscule) = ç, Ç
  • l’accent grave – qui se trouve en haut du clavier au dessus de TAB + la voyelle que vous désirez (minuscule ou majuscule)
  • l’apostrophe – l’apostrophe + espace
  • l’accent circonflexe – qui se trouve en haut du de la touche «6» + la voyelle que vous voudriez (minuscule ou majuscule), soit ê, Ê, ô, Ô
  • le tréma (ou la diérèse) – double quote (upper case) + la voyelle que vous voudriez (minuscule ou majuscule), soit ë, Ë, comme dans le père Noël
  • le tilde ~ suivi de la lettre de votre choix (minuscule ou majuscule), soit ã, Ã; pour obtenir le tilde simple (dont vous aurez besoin dans les URLs, taper ~ suivi d’un espace, puis c’est tout!
  • les guillemets – pressez et tenez Ctrl/Alt en même temps + le crochet de gauche [ ou le crochet de droite ]. Le résultat en sera « ou bien »

Pour configurer votre propre clavier d’ordinateur de cette façon (sans recourir aux codes combien fastidieux), consultez la page qui explique tout.

Notes sur le chapitre 16 ~ Semaine du 1 mars

  • Alors que le Chap. 15 présentait la façon de générer (créer, produire) des phrases par un ensemble de règles (génératives et abstraites, celui-ci souligne les relations qui existent entre des phrases sémantiquement proches mais différentes sur le plan de la structure syntaxique. Dans le Chap. 16, c’est le concept des transformations de phrase, popularisée par Noam Chomsky et qui fait, avec la grammaire générative, un ensemble théorique qu’on appelle la grammaire générative transformationnelle (= grammaire GT).
  • La syntaxe est comme une machine à fabriquer des phrases; elle réside dans le cerveau, elle est faite de matières premières (lexèmes et morphèmes) et de règles de réécriture (= règles génératives et transformationnelles) qui expliquent en quelque sorte le fait qu’on puisse produire des phrases, soit à l’oral, soit à l’écrit.
  • Si vous ne croyez pas à cette abstraction mentale, pensez plutôt au corps humain. Quand il fonctionne bien comme il faut, on n’est pas conscient des organes (coeur, poumons, foie, cerveau, musculature, système cardiovasculaire) et des processus internes (digestion, sommeil, éveil, circulation sanguine) parce qu’on ne les voit pas, on ne les sent pas, du moins quand ils fonctionnent comme il faut. Mais quand on tombe malade, par exemple, on devient vaguement conscient de ce «quelque chose qui cloche»
  • Si vous ne croyez pas à cette abstraction générative et transformationnelle, pensez à votre ordinateur, qui est plein de règles, d’instructions et de codes de programmation combien mystérieux. Quand votre ordinateur fonctionne bien, on ne voit pas les codes et on n’y pense même pas. En fait, c’est ce mécanisme abstrait (= les logiciels) qui fait que la machine puisse fonctionner. Mais quand il y a corruption d’un dossier, par exemple, la machine peut vous jouer de méchants tours, faire un gros «crash», même tomber en panne semi-terminale.
  • Morale de l’histoire: Interaction permanente entre l’abstrait et le concret, entre le spirituel et le matériel, entre la forme et la fonction, entre la théorie et la pratique, entre l’idéologie et la vie quotidienne. Question de saisir l’importance de l’équilbre qui fait partie de toute chose vivante…

Chapitre 16: Les phrases interrogatives, négatives et passives
Questions à préparer: p.157 1abc, 2abc, 3abc, 4abc

Verset 1: Les modalités de phrase (= phrastiques)

    • Modalité déclarative (une simple constatation ou observation, le ton est plutôt neutre). Ex. Jacqueline arrive à midi. 
    • Modalité interrogative (une simple question, ou le désir de confirmer une information incertaine, ou encore obtenir plus de précisions). Ex. Jacqueline est-elle arrivé à midi? À quelle heure J. arrive-t-elle? Avec qui J. est-elle arrivée? Pourquoi J. est-elle venue? 
    • Modalité impérative (exprime un ordre ou un souhait relativement fort) Ex. Restez tranquille! Tais-toi! Ferme-toi! Silence! Ayez l’obligeance de garder un silence respectueux à l’intérieur de ce lieu saint. Ne pas marcher sur le gazon.

Verset 2: Les polarités positive et négative

  • N’importe quelle phrase a l’une ou l’autre polarité.

Ex. Ce film est intéressant ~ Ce film n’est pas intéressant. 

  • Là, vous avez un example de négation totale (on nie entièrement l’information contenue dans l’énoncé Ce film est intéressant.
  • On peut avoir aussi une négation partielle (qui nie une partie de l’information ou bien qui la nuance ou la modifie d’une certaine façon). Exx.

Le chien ne quitte plus (jamais, guère, nullement) sa niche. 
Ce film n’est pas inintéressent. Ce film n’est pas peu intéressant. 

  • Selon les normes de la langue écrite du français standard, la négation comporte deux particules ou adverbes de négation, p. ex. ne… pas (jamais, plus). Cela est vrai même si le verbe est à la forme infinitive: Ne pas marcher sur le gazon. 
  • Avec certains verbes, notamment savoir, pouvoir, devoir, cesser, la deuxième partie de la négation peut faire défaut. Dans ce cas, l’effet produit sera littéraire, classique, soigné ou soutenu. Exx. Je ne saurais vous répondre… Je ne puis vous servir Madame… On ne devrait révéler un tel secret; Il ne cesse de pleuvoir. 
  • Tous les verbes sans exception admettent l’effacement de la première partie de la négation. Cela se fait depuis des siècles. L’effacement du ne est considéré comme l’un des traits caractéristiques du français parlé. On constate cet effacement, variable selon le niveau de langue, la situation sociale de gens, etc., partout à travers la francophonie. Je veux pas. Tu peux pas?

Verset 3: Voix active, voix passive

Les phrases de type déclarative et interrogative peuvent se présenter sous forme active ou passive. L’essentiel, pour que la passivation soit possible, c’est qu’il y ait un verbe transitif, c.-à-d. capable de prendre un complément d’objet direct. Ainsi mordre est transitif, exprimant une action qui porte sur un objet autre que le sujet, parce qu’on peut mordre quelqu’un. Soit les exemples:

    1. Le chat mord mon chien (phrase à la voix active, verbe transitif)
    2. Mon chien est mordu par le chat (phrase à la voix passive). On ne peut pas procéder de même avec la phrase suivante.
    3. Jean-Claude est un jeune homme remarquable
    4. *Un jeune homme remarquable est été par Jean-Claude.

Pourquoi pas? Parce que le verbe être exprime un état ou une simple équivalence (x = y); il est donc intransitif et ne prend pas d’objet direct.

Verset 5: Transformations de la phrase interrogative:

Soit la P de départ: Les médecins soignent les malades.

    1. Transformation interrogative par le contour intonatif, mélodique. Le sommet intonatif frappe la dernière syllable de la P, qui a exactement la même structure que la P déclarative de départ: Les médecins soignent les malades?
    2. Transformation interrogative par l’addition d’une marque morphologique: EST-CE-QUE les médecins soignent les malades? Encore une fois, la structure de la P déclarative de départ n’a pas changé. Il s’agit simplement de l’addition de la marque interrogative: Est-ce-que.  Dans a) et b), on parle d’interrogation totale.
    3. Transformation interrogative partielle ou nuancée. On ajoute typiquement un adjectif interrogatif, qui remplace l’article défini dans la phrase de départ. Donc: Les > Quels, dans…  QUELS médecins soignent les malades? Notez que la structure de la P de départ ne change que très légèrement. À l’oral, le sommet mélodique et intonatif porte sur le mot initial quels, adjectif interrogatif. À l’écrit par contre, on place un point d’interrogation à la fin de la P.
    4. Transformation par insertion d’un pronom. Les médecins soignent-ils les malades? En fait, il n’y a pas d’inversion ici. Le GN sujet (les médecins) et le GN objet (les malades) ne changent pas de position, le verbe non plus. La seule différence par rapport à la phrase Les médecins soignent les malades, c’est l’insertion du pronom -ils directement après le verbe. Ce pronom représente le GN sujet les médecins, mais ne le remplace pas. Ce genre de structure est courant à l’écrit.
    5. Transformation par une véritable inversion syntaxique du GN et du GV. Ici, on a affaire à une inversion réelle du GN qui est un pronom… et du verbe. Ce genre d’inversion affecte un nombre de verbes relativement limité, dont les mieux connus sont les auxiliaires être et avoir, les auxiliaires de mode (devoir, pouvoir, vouloir, savoir, voir, falloir), le factitif (faire) et le verba dicendi (dire), sans oublier aller et venir. Ce genre d’inversion est plus fréquent au 2e et 3e personnes qu’à la 1re. Exx. Es-tu là? L’as-tu vu? Vois-tu? Faut-il partir? Doit-il venir? Peux-tu m’aider? Veux-tu ben me dire…? Que sais-tu? Que fais-tu là? Que dis-tu? Vas-tu venir? Vient-elle? Les occurrences à la 1re personne caractérisent surtout les registres soigné, soutenu et littéraire. Que sais-je? Suis-je un imbécile? Ai-je bien compris? Que dis-je? Que vois-je devant mes yeux? En quoi puis-je vous être utile, Madame? 
    • À la 1re personne du singulier, plutôt rares, inacceptables, ou impossibles: *D’où viens-je? *Où vais-je? *Peux-je? *Fais-je?

Verset 5: Transformations de la phrase impérative.

Soit la P de départ, déclarative: Tu fais tes devoirs.

    1. Transformation impérative par le contour intonatif, mélodique. Ici, la structure syntaxique ne change pas, mais l’intonation descend en pente abrupte, atteignant son point le plus bas sur la dernière syllabe: Tu fais tes devoirs! Parfois, lorsque le «tu de mépris» est présent, on ajoute un explétif de type méprisant, soit: Tu fais tes devoirs, petit imbécile!
    2. Transformation impérative par effacement du pronom sujet. Fais tes devoirs! La courbe mélodique est soit neutre, soit descendante.
    3. Cet exemple n’appartient sûrement pas ici. Il s’agit plutôt d’un cas de pronominalisation. Donne l’argent à Marie-Claude! –>Donne-le-lui! Le GN l’argent est remplacé par le et le GP à Marie-Claude est remplacé par lui.
    4. Ce dernier exemple résulte d’une transformation par la subjonctivisation, soit: Déclarative: Il fait ses devoirs –> Subjonctif: Je veux qu’il fasse ses devoirs! –> Ellipse: Qu’il fasse ses devoirs! Cet exemple montre combien le vrai impératif se rapproche d’un vif souhait, d’un désir, d’un desideratum.

Verset 7: Les phrases passives

Soit les énoncés:

    1. a) Le chat mord mon chien (phrase à la voix active, verbe transitif)
    2. b) Mon chien est mordu par le chat (phrase à la voix passive).

Plusieurs transformations permettent d’obtenir la phrase passive b) à partir de la phrase de départ a):

      • en b, le verbe mord est transformé en mordu «participe passé»
      • en b, le verbe mordu est rendu passif par l’insertion d’une forme du verbe auxiliaire être
      • en b, le GN sujet (le chat) et le GN objet direct (mon chien) changent de place
      • le sujet profond, l’actant, celui qui fait l’action, est toujours le chat
      • l’objet profond, le patient, celui qui reçoit ou subit l’action, est toujours mon chien
      • pour indiquer clairement qui est l’actant (= l’acteur, le vrai sujet profond), on insère la marque d’agent, la préposition par: par le chat.
      • et l’auxiliaire et le participe passé s’accordent en nombre avec le GN objet direct précédent mon chien: est mordu

Ainsi, je compte cinq transformations pour arriver à la phrase passive.

Soit les énoncés:

    1. Les médecins soignent les malades (phrase à la voix active, verbe transitif) 
    2. Les malades sont soignés par les médecins (phrase à la voix passive). 

Oubliez l’analyse proposée en 7) et remplacez-la par la suivante:

      • en b, le verbe soignent est transformé en soigné «participe passé»
      • en b, le verbe soigné est rendu passif par l’insertion d’une forme du verbe auxiliaire être
      • en b, le GN sujet (les médecins) et le GN objet direct (les malades) changent de place
      • le sujet profond, l’actant, celui qui fait l’action, est toujours les médecins
      • l’objet profond, le patient, celui qui reçoit l’action, est toujours les malades
      • pour indiquer clairement qui est l’actant (=l’acteur, le vrai sujet profond), on insère la marque d’agent, la préposition par: par les médecins.
      • et l’auxiliaire et le participe passé s’accordent en nombre avec le GN objet direct les malades: sont soignés

Ainsi, je compte cinq transformations pour arriver à la phrase passive.

Verset 8: Le complément d’agent

Normalement, l’agent (ou l’actant) est le sujet profond de la phrase, celui qui fait l’action. Il est présenté par la marque prépositionnelle par (cas statistiquement typique) ou bien par la marque de (cas atypique). Ce dernier s’utilise alors que le procès verbal est présenté comme habituel, continu ou permanent:

Ce professeur est adoré/détesté de ses étudiants.
Cette maîtresse d’école est aimée/respectée/rejetée/haï de ses petits.
Cette actrice est applaudie de ses admirateurs.

Dans le cas du non-habituel ou du non-permanent, par s’impose:

Le bonhomme a été tué par un gangster.
Son manuscrit a été publié par un bon éditeur.

Voila pourquoi on ne dit pas:

*La tarte aux pommes a été mangée d’Isabelle.
*La voiture a été réparée du garagiste.
*L’essai a été rédigé de l’étudiant.

Le complément d’instrument est introduit par la préposition avec:

Le cambrioleur a ouvert la boîte à bijoux avec un tournevis.
Le meutrier a tué sa victime avec une hâche.
J’écris avec un crayon/un stylo.
Je mange avec une fourchette et un couteau.

Verset 9: Les phrases sans forme passive

Pour qu’une phrase puisse accepter la transformation passive, il faut qu’elle ait 1) un GN sujet comportant un nom, 2) un verbe transitif et 3) un GN objet comportant un nom. De plus, 4) le GN objet comportant un nom au partitif ou à l’indéfini n’accepte pas la passivation. Voilà pourquoi les phrases passives suivantes sont, ou bien impossibles, ou bien inacceptables.

a) Édouard arrive demain matin ~ *Demain matin est arrivé par Édouard.
b) Henri deviendra bientôt le patron ~ *Le nouveau patron sera bientôt devenu par Henri. {en a) et b) le verbe est intransitif, il n’y a pas d’objet direct}
c) Il mange un sandwich au fromage ~ *Un sandwich au fromage est mangé par lui. {le GN sujet est un pronom personnel: il}
d) Georges boit du vin ~ *Du vin est bu par Georges. {ici, le GN objet contient un partitif: du vin}
e) Daniel achète des fleurs ~ ?Des fleurs sont achetées par Daniel. {ici, le GN objet contient un indéfini au pluriel: des fleurs} Cet exemple est tout de même discutable, à mon sens.
f) Pauline se lave ~ *Elle-même est lavée par Pauline.
g) René et Louis se battent ~ *Eux-mêmes sont battus par René et Louis. 
En f) et g), le GN objet est un pronom réfléchi ou réciproque: se, donc pas de passif.
h) Philippe a une nouvelle voiture ~ *Une nouvelle voiture est eue par Philippe
i) Michel a eu un rhume ~ *Un rhume a été eu par Philippe.
En h) et i), le verbe avoir, bien que transitif, exprime un état. En général, les verbes d’état comme être, avoir, falloir, devoir, pleuvoir n’acceptent pas la passivation. Et la preuve:

Katrina est un chat > *Un chat est été par Katrina.
Noël a un chat > *Un chat est eu par Noël.
Il faut du temps > *Du temps est fallu par lui.
Marie doit de l’argent > *De l’argent est dû par Marie.
Il pleut des clous > *Des clous sont plus par lui.

    • Même s’il est possible de dire en anglais, My sister was given the car by François, cette construction est impossible en français: *Ma soeur a été donnée la voiture par François. La raison: Un complément d’objet indirect dans une phrase passive ne peut jamais devenir le GN sujet d’une phrase passive en français. Ainsi on dira correctement: François a donné la voiture à ma soeur > La voiture a été donné à ma soeur par François.
    • Peut-être, à cause de toutes ces complexités syntaxique, on tend à éviter le passif, du moins dans l’usage normal du français parlé, où l’on dira par exemple: Ici on parle français et espagnol ~ French and Spanish (are) spoken here; On boit le café chaud ~ ?Coffee is drunk hot.
    • Ou bien on préfère la structure pronominale: 

L’anglais se parle à Costa Rica ~ English is spoken in Costa Rica.
Le café se boit chaud ~ ?Coffee is consumed hot.
Le rosbif se mange avec du raifort ~ Roast beef is eaten with horseradish.
Cela ne se fait pas! ~ That is not done!

Verset 10: Les combinaisons possibles de modalités, de polarités et de voix

Ici, je n’ai pas besoin de répéter toutes les combinaisons possibles. Mais remarquez bien les exclusions:

    • Une phrase ne peut pas être déclarative et interrogative en même temps.
    • Le choix de la polarité positive exclut la polarité négative.
    • Une phrase ne peut pas être active et passive en même temps.
    • Questions à préparer: p.157 1abc, 2abc, 3abc, 4abc
    • Vos questions de révision (par écrit ou par courriel) pour le test #4 sont toujours les bienvenues…

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