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Notes du cours AS/FR 3130 6.0 Sémantique et lexicologie françaises / French Semantics and Lexicology

Notes sur Henriette Walter, «La forme des mots» (258-266).

  • Résumé: L’auteure commence par nous rappeler la différence entre mot et monème. Les monèmes sont les composantes morpho-sémantiques des mots.
  • Ensuite, elle souligne l’usure phonétique qu’a subi le français au cours de 2000 ans d’évolution. L’italien, qui en a connu beaucoup moins, se rapproche plus nettement de la langue-mère, le latin, du moins sur le plan phonétique. Walter conclut qu’il doit être plus facile à un Français de comprendre l’italien qu’à un Italien de comprendre le français.
  • La plupart des mots français d’évolution populaire sont mono- ou bisyllabiques. Il y a de bonnes chances pour que les mots polysyllabiques soient d’origine savante. Exemple: le mot latin causa a donné deux résultats en français, l’une par évolution savante (=cause), l’autre par évolution populaire (=chose). De même, l’italien présente causa (savant, identique à la forme latine) et cosa (pop.). Sur le plan historique, l’italien est une langue à évolution lente, le français à évolution rapide. Cela reflète l’histoire sociolinguistique conservatrice de l’Italie, vis-à-vis de la France.
  • Le français langue des calembours: L’une des conséquences de l’usure phonétique, c’est qu’il existe énormément d’homophones en français, ce qui ne crée aucune ambiguïté alors que les termes sont bien contextualisés sur les plans syntaxique et sémantique. En général, les calembours sont voulus, de purs jeux de mots.
  • Désavantage de l’homophonie: la possibilité de produire des ambiguïtés communicatives. Avantage de l’homophonie: la possibilité de produire des ambiguïtés communicatives. De cette ambiguïté voulue vient des effets d’humour et des effets littéraires, dont la réplique serait impossible dans d’autres langues romanes, comme l’italien, l’espagnol et le portugais par exemple. Pour le français, on pensera à l’histoire du sot du roi qui portait le sceau du roi dans un seau. Il était monté à cheval quand, soudain, le cheval a fait un saut. À ce moment-là, tous les [so] sont tombés à terre.
  • Définitions suggérées par les auteurs de mots croisés. Remarquez l’ambiguïté des définitions proposées, qui n’aident guère à trouver la bonne réponse.
  • Le contraire de l’homophonie, c’est la possibilité de représenter un seul signifié sous une multiplicité de formes. Il s’agit de la variation morphologique. Cette variation est possible pour plusieurs raisons, la principale étant que le français a deux couches lexicales importantes: l’une savante, l’autre populaire. L’évolution populaire a donné oeil, yeux et le radical zyeu-, dans le verbe zyeuter, alors que l’évolution savante repose sur des bases latino-grecques… Latin: oculaire, oculiste, monocle, binocle, binoculaire. Grec: ophtalmie, ophtalmologiste.
  • En ce sens, on peut dire que la richesse et la diversité du lexique français tient en partie de la morphologie, en partie de l’évolution sociohistorique de cette langue.
  • Les premiers emprunts au latin s’effectuent dans le domaine de la religion, l’Église étant au coeur de la civilisation européenne (4e-13e siècles). Ensuite viennent les emprunts reflétant le progrès des études et des sciences (13e-18e siècles). Pour le vocabulaire d’origine grecque, il s’est créé soit directement (par des savants qui maîtrisaient toujours cette langue), soit par voie indirecte (dans la langue des clercs et des étudiants maîtrisant le latin, langue internationale du moyen âge)
  • La situation actuelle: Le français continue à créer de nouveaux mots d’après les modèles latino-grecs (voir l’encadré p. 138). Une curiosité phonétique: les bases se terminant par une voyelle ajoute la consonne de transition -t- devant le morphème dérivationnel, même si la logique en voudrait parfois autrement: abri ~ abriter (pourtant, cf. FQ abrier), chapeau ~ chapeauter, café ~ cafetière, tabac ~ tabatière, sirop ~ siroter, yeux ~ zyeuter. En français, comme dans les autres langues romanes, on a tendance à éviter l’hiatus, une suite de deux ou plusieurs voyelles.
  • Naturalisation des mots savants: Si on perçoit sans difficulté le rapport sémantique entre un mot populaire et un mot savant, on peut dire que ce dernier est bien naturalisé: frère ~ fraternel, sûr ~ sécurité, mûr ~ maturité, frêle ~ fragile, froid ~ frigidité. Si tel n’est pas le cas, le terme savant est moins bien ancré dans la langue: comparez, p. ex., charité, charitable avec «organisation caritative», boire, buvable avec «eau potable».
  • La troncation, autre phénomène bien français, c’est la tendance à réduire des termes polysyllabiques à une forme mono- ou bisyllabique. On pense à chemin de fer métropolitain > métro, voiture automobile > voiture ou auto, salle de cinématographie > ciné(ma), prof, Fac, Self, Resto U. Ce phénomène est compatible avec le simple fait que la vaste majorité des mots d’origine populaire est/sont mono- ou bisyllabiques.
  • Walter met la troncation des mots en rapport avec la théorie de l’information (George Zipf), selon laquelle plus une expression est connue et employée, moins elle apporte d’information, ce qui conduit à faire moins d’efforts pour la prononcer et pour la mémoriser.
  • Elle ne mentionne pas la siglaison, qui doit être mise en rapport avec la même théorie, et qui produit des néologismes du type: HLM, OTAN, ALÉNA, SIDA, MTS, CTT, la SQ, la GRC, la SAQ, les É-U, les RU….

Fournissez une brève réponse à l’une des questions suivantes:

  • Citez un calembour (de préférence décent) autre que ceux de l’auteure.
  • Citez une paire de doublets français (terme savant, terme populaire)
  • Citez un mot d’origine savante, dites si le terme et d’origine latine ou grecque, et précisez le domaine (scientifique, éducatif, administratif ou culturel) auquel il appartient.
  • Citez un autre exemple de mots tronqués. À quels domaines appartiennent-ils?
  • Citez un autre exemple de siglaison. À quels domaines appartiennent-ils?
  • Connaissez-vous d’autres amalgames lexicaux (ou acronymes) du genre: abribus, musicassette, restoroute, brunch?

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