Sauvageot3

Notes du cours AS/FR 3130 6.0: Sémantique et lexicologie du français / French Semantics and Lexicology

Résumé d’Aurélien Sauvageot, «L’articulation du discours» (38-44)
1) D’abord, la syntaxe de la phrase complexe est calquée sur celle de la phrase latine, en français comme en anglais, le modèle latin s’impose au cours des 16e et 17e siècles. (= entrée en matière / ouverture du discours)
2) D’où l’importance généralement accordée aux liens de cohérence au niveau des idées et des concepts («La raison avant la passion»). (= conséquence logique #1)
3) D’où aussi l’importance accordée aux marqueurs de cette cohésion intellectuelle (connecteurs logiques, conjonctions, adverbes etc.). (= conséquence logique #2)
4) Admettons que ces généralités valent surtout pour la langue écrite, qui se veut réfléchie, logique et intellectuelle. (= concession, on sollicite l’appui de ses interlocuteurs)
5) Par contre, en langue parlée, plus spontanée, il y a peut-être moins de connecteurs de type logique. (= on marque une différence importante, une rupture, ou un changement d’orientation). Du moins, les connecteurs ne sont pas les mêmes en langue parlée qu’en langue écrite. (= on atténue, adoucit, ou révise l’affirmation précédente).
6) Par ailleurs, en langue parlée, les connecteurs peuvent faire défaut; dans ce cas, on mise beaucoup sur la modulation de la voix (= intonation), les pauses entre membres de phrase, les césures (= incises) et la supposition qu’il y a de la cohérence logique dans tout acte de discours. (= on souligne une dimenstion nouvelle).
7) À noter aussi qu’à l’oral, les connecteurs ont souvent la fonction de rythmer le discours, de marquer les étapes du discours (ouverture, continuïté, rupture, changement d’orientation, restriction, concession, fermeture, etc.) (= ajout ou dimension nouvelle #2).
8) Bref, sur le plan des liens de cohésion entre membres de la phrase complexe, il y a d’énormes différences entre l’écrit et l’oral, en ce qui concerne le type de connecteurs et leur fréquence d’emploi. (= on résume ses propos, en d’autres mots).
9) En fin de parcours, l’auteur conclut que le français parlé fait des économies dans le domaine des connecteurs et qu’il se libère des contraintes imposées par la syntaxe traditionnelle, d’inspiration latine. Rigidité de l’écrit, souplesse du parlé; il en est peut-être ainsi dans toutes les langues de civilisation. (= on annonce sa conclusion, on marque la fin du discours).

Quelques exemples de connecteurs:
Type logique: car, parce que
Type temporel: après que, avant de, pendant que, puis, ensuite
Ouverture du discours: Et bien mes amis….
Changement d’orientation: À propos, as-tu vu Titanic l’autre soir? Non, par contre, j’ai assisté au spectacle de Céline Dion.
Réserve ou restriction: Toi, tu es riche, mais tu n’es pas heureux!
Continuïté du discours: D’abord je fais ci, puis ensuite je fais ça!
Fermeture du discours: Bon bien, voilà!
Rupture ou surprise: Aie jaie-jaille! Tu l’as échappé belle! (FQ = O-yo-yoille!)
… sentez-vous libre d’allonger la liste!

  • Exercice: Dans le texte ci-dessus, identifiez un ou deux connecteurs et dites quelle relation sémantique il exprime (cause, effet, antériorité, postériorité, simultanéité, successivité, alternative, équilibre, ouverture, fermeture ou continuité du discours, conséquence, explication, ajout, condition, réserve, contradiction, changement d’orientation, rupture, résumé, conclusion, subordination, coordination…) (= chose déjà faite, mais que vous pourriez nuancer davantage…)
  • Dans les exemples suivants, dites quelles relations sémantiques sont exprimées par les connecteurs:

1) S’il n’est pas venu, c’est qu’il était malade.
2) Le test #2 est reporté au 26 décembre, car personne ne veut du 25.
3) Elle se brosse les dents avant de se coucher. Elle se brosse les dents puis elle se couche. Marie se brosse les dents cinq fois par jour, tandis que Luc ne se les brosse jamais.
5) Si tu n’étais pas contente, tu me le dirais (= FS). Être mécontente, tu me le dirais (= FQ).
6) Je viens de gagner 1,000,000$ U.S. Ainsi donc je me suis acheté une Rolls.
7) Les Québécois viennent de dire non. Pourtant le vote était très serré.
8) Il croyait qu’il avait gagné, seulement voilà, il s’était trompé.
9) Je n’aime pas le rosbif;[pause] je prends plutôt un steak bien saignant.
10) Ou bien tu passes le test aujourd’hui ou bien tu y renonces à tout jamais!
11) J’ai piqué un gros F au dernier test; pourtant j’avais passé la nuit à me bourrer le crâne.
12) Pas d’emploi? Bonjour la misère!

Ajoutez des connecteurs aux exemples suivants:
Je suis pauvre; toi t’es riche.
C’est vrai; il s’agissait d’y penser!
Il n’est pas venu; il était malade.
Un incident, imprévisible, a interrompu l’opération.
Rigidité de l’écrit, souplesse du parlé.
Voilà un homme! J’aime cet homme.

Donnez deux interprétations sémantiques aux phrases suivantes, selon qu’il y ait une/des pauses ou une modulation de la voix:
J’ai trouvé la solution élégante.
J’ai été appelé au chevet de ma mère gravement malade.
Jacques Parizeau refuse de négocier sur ordre du peuple québécois.

Identifiez les connecteurs dans le vernaculaire québécois et dites quelle en est la fonction de chacune:
1) Bois tout ce que tu veux, ma petite, mais ne viens pas te plaindre demain par exemple!
2) Pis, t’es mariée! Pis, comment ça va? Pis, tes examens?
3) Coudon, ouvre la porte. Il est assez fatigant, coudon!
3) Il a gagné 100,000S. Faqu’il s’est acheté une Corvette. Pierre est arrive, faque je pars!
4) Il a trop mangé, pis il a été malade. Je suis tombé en panne, pis là ben je suis arrivé en retard.
5) Mettons qu’il vient, seras-tu content?
6) Prend ton parapluie d’un coup qu’il pleut.
7) D’abord, on parle «connecteurs», pis ensuite on fait des exercices.

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