Sauvageot12

Notes du cours AS/FR 3130 6.0: Sémantique et lexicologie du française / French Semantics and Lexicology

Notes sur Aurélien Sauvageot, «Transitivité et intransitivité» (123-129)

  • Résumé: Théoriquement, un verbe est considéré comme transitif s’il peut se combiner avec un nom ou un groupe de noms, ou encore avec une proposition ou quasi-proposition (proposition infinitive) sans l’intermédiaire d’une préposition ou particule rective (exemples en p. 123). Dès lors, le procès exprimé par le verbe porte directement sur un «objet». Quand le procès exprimé par le verbe porte indirectement sur un «objet», le verbe est dit intransitif. Comparez, p. ex., Elle adore son café [transitif] avec Elle parle à sa mère [intransitif]. Les verbes qui expriment un état sont généralement sans «objets», donc intransitifs, p. ex., Il pleut, il fait beau, il neige beaucoup, il est beau, ça sent bon ici, je cours, je bouge, je grouille, je monte, je descends. S. n’en parle pas.
  • Quelques exemples ou l’usager est porté à concevoir le complément direct sans déterminant comme modificateurs du sens du verbe, donc comme adverbe (sens étroitement lié au verbe): Il a fait erreur, il fait nuit, il fait jour, prendre connaissance de sa lettre; perdre connaissance, parler français, fermer boutique, mener bonne guerre, porter bonheur (malheur), tu as bon dos; j’ai bon oeil bon pied; je lui ai fait honte. Ces exemples sont comparables aux suivants, qui comportent tous un adverbe de manière: il parle vite, travaille dur/fort/ferme, il font bien/mal, il chante haut/bas/faux.
  • Question: Comment expliqueriez-vous les exemples suivants, où un verbe d’état (météorologique) semble prendre un objet direct: Il pleut des clous, il pleut des halleberdes?
  • Selon l’auteur, la distinction entre verbes transitifs et intransitifs va s’estompant en français. Notons que bien des verbes transitifs s’emploient sans objet direct (p. ex., Il a bu; j’ai bien compris; il ne saisit pas; j’ai un ongle qui accroche; il consulte tous les jours; as-tu mangé?). De plus, certains verbes habituellement intransitifs sont susceptibles d’être employé avec un complément d’objet direct: Il parle bien son rôle; il sort ses manuscrits; il monte ses valises. L’auteur affirme que «ce développement n’est pas nouveau, mais il s’accentue encore ces dernières années…» (p. 126). Il aurait mieux fait de constater qu’il n’y a tout simplement pas cloison étanche entre les verbes transitifs et les intransitifs.
  • Sauvageot en arrive à une conclusion généreuse, sinon floue: «La faculté de transitiver tout verbe intransitif et celle d’employer sans complément d’objet tout verbe, même transitif, ne peut qu’alléger la tâche des usagers et faciliter la concision dans l’expression, donc augmenter la quantité d’information transmise…». La plupart de ses exemples servent à étayer cette hypothèse. L’auteur aurait très bien pu dire que le verbe français est ambivalent vis-à-vis de la transitivité; il l’a peut-être toujours été.

Questions:

  • Comment expliquer la dualité du type: Il a pensé son affaire: Il a pensé à son affaire? Il a repensé au problème: il a repensé le problème.
  • Selon S., le verbe réfléchi se trouve entaché d’ambiguïté, à témoin les exemples suivants: Elle se regarde dans la glace et Elle se promet de ne plus recommencer. Quelle en est l’ambiguïté?
  • Quelles généralités permettent d’identifier l’objet direct et l’objet indirect dans les exemples suivants: Elle se le promet. Je me le promets; Je le lui ai expliqué.
  • Dit-on correctement: Elle se lui promet; Je me lui promets; Je me te rappelle; Il se la rappelle«He recalls her». Pourquoi ou pourquoi pas?
  • Le verbe se rappeler, transitif en principe (il se rappelle le bon vieux temps), se construit en français populaire comme un verbe de type intransitif: Je me rappellerai toujours de cette journée; il ne se rappelle de rien, je me rappelle de toi, Il se rappelle de moi, Je me rappelle de lui; il se rappelle de vous. Pourriez-vous en fournir une explication?
  • Est-ce vrai que lorsqu’il y a deux compléments d’objet dans une phrase française, le premier est généralement indirect, le second direct? Pourriez-vous trouvez une exception à la règle? Comment expliquer les exemples suivants: Il a dit quelque chose (c. direct) à sa mère (c. indirect); Il a dit à sa mère (c. indirect) qu’il reviendrait un jour (c. direct). Elle a dit à Jean (c. indirect): «Va au diable!» (c. direct). Lorsqu’il s’agit plutôt de pronoms (c. d’objet direct et indirect), quelle en est la règle syntaxique?

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