Notes du cours AS/FR 4150 6.0: Initiation au français canadien / Introduction to Canadian French
– Comme promis, voici la version revue et corrigée du travail de cette semaine.
– Nota bene: les exposés qui devaient être présentés pendant la grève CUPE referont surface après la résulution du conflit.
Lundi:
– Brève reprise du texte de Françoise Mougeon, Chap. 4, «L’origine du lexique français» (Kit). Je me limite à répondre à vos questions.
– Audition et étude de document oral: ÉF8: «Une Acadienne à Ottawa», p. 159. Soyez prêts à poser vos questions, à préciser vos difficultés de compréhension et d’apprentissage. Soyez prêts à poser vos questions, à préciser vos difficultés de compréhension et d’apprentissage.
– Texte L&I: Claire Asselin et alii, «Appartenance sociale, variation linguistique et jugements de valeur». Questions qui suivent le texte et quelques réactions vives…
– Cet article souligne le rôle de stigmatisation joué par les jugements défavorables au FQ. Il porte aussi à réfléchir sur une société dans laquelle la quête l’argent est devenue une religion.
– Par tradition, l’usage de ceux qui ont le pouvoir (= argent + fusils) est le meilleur; il s’ensuit que l’usage des gens sans pouvoir est nécessairement mauvais et inférieur, du moins selon cette vision stéréotypée des relations humaines. Naïve justification des différences de statut social: s’ils sont là eux-autres, c’est qu’ils sont mieux que nous-autres.
– Les jugements sur la langue sont donc étroitement liés aux jugements de valeur portés selon son appartenance à une classe sociale. Dans les démocraties corporatives, être pauvre est non seulement devenu un crime, mais un véritable péché. La pauvreté est preuve de paresse, de stupidité, d’alcoolisme, de narcomanie, d’attitudes abusives, etc. Selon cette vision droitiste du monde, les gens sans argent sont mauvais sur tous les plans, y compris le plan de l’expression linguistique. On ne peut tout de même pas nier qu’il existe – et existera toujours – des rapports étroits entre les classes sociales et les façons de s’exprimer.
– Dans le passé, on essayait de faire croire aux Québécois que leur différence linguistique était synonyme d’imperfection et d’infériorité. Les principaux institutions d’infériorisation était l’Église et l’École, institutions qui valorisent la perfection et condamnent l’erreur. Quand les Québécois ont vu, compris et rejeté ce jeu de dévalorisation, ils ont repris confiance et se sont affirmés sur tous les plans, notamment social, politique et économique.
– Dire que le FQ n’est pas «du vrai français» revient à stigmatiser une population qui parle différemment. Bon Dieu, qu’est-ce que vous voulez, ce sont des French-Canadians, des Québécois, des démunis, des débiles, des gens qui valent moins que nous-autres (la définition de «nous-autres» peut être infiniment souple). Vous comprendrez tout de suite que cette attitude verse dans le racisme.
– Le grammairien traditionnel porte des jugements de valeur simplistes: bon ou mauvais usage, vrai ou faux, correct ou incorrect, (socialement) acceptable ou inacceptable, punissable ou méritoire.
– Le linguiste, plus scientifique, observe et décrit les faits, cherche à les comprendre et à les systématiser, formule des hypothèses explicatives pour rendre compte de la réalité linguistique. Pourquoi les Québécois parle-t-ils comme cela? L’«explication» sera nécessairement d’ordre historique, géographique, politique, social et économique. Description et explication faites, le linguiste se permettra de tirer des jugements, généralement plus nuancés et compréhensifs que ceux de la grammaire traditionnelle, qui est volontairement littéraire, passéiste et eurocentrique.
Mercredi
– Exposé tel que prévu (si la grève a été résolue)
– Texte: Ostiguy et Tousignant, Le français québécois: normes et usages, Chap. 5, «Les prononciations de la voyelle è en fin de mot», pp. 83-88.
– Étude lexicale du FP: Yvon Deschamps, «L’argent»
– Remise du test #1. Cliquez ici pour en obtenir les résultats et le corrigé.