Darbelnet

Notes du cours AS/FR 3130 6.0:  Sémantique et lexicologie du français / French Semantics and Lexicology

Notes sur Jean Darbelnet, «Aperçu du lexique franco-canadien» (162-175)

Ce texte propose une taxonomie (= catégorisation, classification) des caractéristiques lexicales du FC, notamment celles qui reflètent des réalités de la vie canadienne et l’influence américaine omniprésente.

Réalités canadiennes: Termes liés aux domaines suivants: climat, déplacements, colonisation, activités économiques, etc.

Mots du fonds commun (= français) pris dans un sens différent: Termes liés aux domaines suivants: vie quotidienne, vie de famille, hiver, vêtement, etc.

Anglicisation: L’auteur distingue l’emprunt direct (avec un minimum d’adaptation phonétique et morphologique) de l’emprunt naturalisé (= francisé); ensuite il cite de nombreux cas d’adaptation (=assimilation) morphologique.

Calques de l’anglais: Ici, il est question d’emprunts de structure, de traductions plus ou moins littérales à partir de l’anglais (les termes empruntés sont en fait des syntagmes).

Anglicismes sémantiques ou emprunts de sens: Puisqu’on emprunte un ou plusieurs sens à l’anglais, sens qu’on prête à un terme français déjà établi, les anglicismes sémantiques sont invisibles pour la plupart des francophones. L’auteur remarque que les anglicismes sémantiques existent aussi en «français international».

Anglicismes de maintien ou de fréquence: Étant donné la proximité géolinguistique de l’anglais et du français, l’interpénétration multiséculaire de ces deux langues et le fait qu’elles partagent un vocabulaire commun, il est parfois difficile de dire quelle langue a subi l’influence de l’autre. Certains termes qui ont l’air d’être des emprunts à l’anglais ne le sont peut-être pas, compte tenu du fait que les lexiques français et anglais sont en contact intime depuis au moins 1066 (invasion de l’Angleterre par Guillaume le conquérant). Les anglicismes établis depuis longtemps seraient donc des anglicismes de maintien et/ou de fréquence. Peu de gens savent que la fameuse poutine (plusieurs sens intéressants en FC) vient du mot anglais pudding. Peu de monde sait que le mot anglais tennis représente l’impératif «Tenez!», cri poussé lorsqu’on envoyait la balle dans l’autre cour.

Anti-anglicismes: Termes français utilisés pour bloquer la route à des mots jugés anglais, ou du moins suspects de l’être. Du rejet de l’anglais s’expliquent bien des termes, comme édifice pour building, débardeur pour docker, etc.

Survivances lexicales: Il s’agit de formes ou de sens qui sont démodés en France, donc «archaïques» pour les Français, mais toujours courants chez les Canadiens. Soulignons le fait qu’un terme qui est toujours d’usage ne peut être considéré un archaïsme.

La défense de la langue: Darbelnet estime que l’anglicisation du FC représent le côté négatif de sa situation sociolinguistique. [Par contre, on pourrait la considérer comme le signe d’une adaptation essentielle à la survie du français en milieu nord-américain]. L’autre face de cette tendance vers l’anglicisation est l’anti-anglicisme (voir les exemples ci-dessus), phénomène que l’auteur considère un aspect positif du lexique FC. [Dans une autre perspective, on pourrait interpréter l’anti-anglicisme comme un signe de rejet de l’autre, de xénophobie].

À la différence de la France, le Québec se trouve en situation de concurrence linguistique quotidienne avec l’anglais. Pour cette raison, le Québec et les pays francophones «extra-hexagonaux» ont peut-être un sentiment plus aigu de la nécessité de défendre leur langue contre l’anglais, lingua franca de l’argent, du capitalisme triomphant, de la commodification des valeurs et des vérités.
Apprendre une langue seconde, c’est en même temps apprendre qu’il y a plus d’une façon d’interpréter le monde, de vivre sa vie…

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