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Notes du cours AS/FR 3130 6.0: Sémantique et lexicologie du français / French Semantics and Lexicology

Notes sur Henriette Walter, «Les mouvements dans le vocabulaire» (Kit 151-158).

  • Les nouveautés dans le vocabulaire: Ce qui change le plus vite dans une langue, c’est le lexique. Les changements sont dûs à la mode et aux mouvements historiques, culturels, technologiques, etc.

L’inventaire des mots effectivement utilisés:

  • Peu de mots suffisent pour produire une conversation courante: les 1,500 mots du «français élémentaire» ou, plus raisonnablement, les 3,500 mots du français fondamental». Même chez les gens instruits, la situation n’est guère différente (exemple du professeur américain qui en 25 heures de corpus, utilise 68,000 mots, dont seulement 3,500 sont différents.Il est utile de distinguer le vocabulaire disponible et fréquent (de 5,000 à 6,000 mots) du vocabulaire peu utilisé dans la conversation (un lexique théoriquement infini).
  • Si les termes «français élémentaire» et «français fondamental» se rapportent à la fréquence d’occurrence des termes en langue parlée, le mot trésor dans Trésor de la langue française renvoie à la totalité des mots constituant le lexique du français, dans toute sa richesse historique et culturelle.
  • Grâce à l’ordinateur, les chercheurs de l’Institut national de la langue française, à Nancy, ont poussé ce genre de recensement à 1,200,000 millions de mots, tenant compte des parlers, des termes techniques et littéraires et des néologismes.

Des mots nouveaux de deux types:

  • Première source de néologismes: les innovations techniques, technologiques et scientifiques. Deuxième source: Les besoins expressifs de l’individu dans ses conversations quotidiennes. Si les premières créations sont concertées, systématisées et canalisées, p. ex., par l’Office de la langue française au Québec, les secondes revêtent un caractère plutôt spontané, ludique, individuel et désordonné et se répandent selon les caprices de la mode.
  • Walkman ou baladeur? Préfère-t-on l’emprunt à un terme français? Que révèle l’exemple walkman vs. baladeur sur la dynamique du vocabulaire français?
  • On a franchisé les croissanteries: Comment expliquer la popularisation des mots français en -iser (rentabiliser), -erie (jeannerie, sandwicherie) noms d’établissements commerciaux, –iel (courriel, logiciel, pourriel) et -ique (bureautique), de formation bien française. Comment le verbe anglais «zap» a-t-il été intégré à la morphologie du français?
  • Professeur, professeure, professeuse, professoresse? Verset sur la féminisation de noms de métier et de profession. Les français de France semble accepter cette tendance pour les métiers, mais lorsque la profession est prestigieuse (c.-à-d. traditionnellement dominée par les hommes), ils tendent à la refuser. Ainsi, en France, professeur, juge, médecin, ingénieur, directeur, gouverneur, professeur, chirurgien, docteur ou avocat ont de très bonnes chances de ne s’employer qu’à la forme masculine, alors qu’au Canada, personne ne se choque devant professeure, ingénieure, directeure, gouverneure, professeure, chirurgienne, docteure ou avocate. Si partout on rejette professeuse, c’est que le suffixe suggère un métier peu prestigieux (cf. danseuse, masseuse, entraîneuse); quant à professoresse, le suffixe est rarissime en français et évoque une certaine pomposité…, à la différence de l’italien ou professoressa est le terme normal.

Les jeunes et leur vocabulaire:

  • Décalage insistant entre la langue des jeunes et celui de leurs aînés. Assurer et craindre: Chez les jeunes, on aime donner de nouveaux sens à des mots existants. Comment cette constatation s’applique-t-elle à craindre ~ assurer, bon ~ méchant.

Les hésitations des parents:

  • Quelle est l’attitude des parents vis–à-vis les innovations lexicales des jeunes (assurer, buller, cool, le look, dégager, être trop). Serait-ce l’indice d’un certain laisser-aller dans les sociétés riches où les jeunes n’ont ni place ni fonction «assurée»? La notion d’une langue secrète ou hermétique est essentielle à la notion de l’argot (l’argot du milieu, par exemple).

Les ratés dans la communication:

  • Montrez par un exemple comment un énoncé peut être contradictoire, ironique, voire sarcastique chez les jeunes, donc ambigu ou incompréhensible pour les aînés. Est-ce que cette incompréhensibilité est bien dans les intentions des jeunes?

Le va-et-vient de l’évolution lexicale:

  • Quelle est l’ironie de Bonjour «Salut/au revoir» dans l’usage des jeunes Français. Voyez-vous un rapport avec le FQ Bonjour «Hello/Goodbye». Ou encore, bonjour annonce-t-il tout simplement un imprévu?

Méfiez-vous des formes négatives (à sens positif):

  • À la liste, on pourrait ajouter le FQ c’est écoeurant (=formidable), nos prix sont écoeurants (= imbattables, si bas qu’ils choquent). Pour la France, une méchante veste (p. 312) «a killer jacket» (jugement positif).

Nouveaux sens dissimulés sous d’anciennes formes:

  • Ici, c’est l’idée qu’il faut être dans le bain, dans le vent, faire partie du groupe social, ne pas être exclu. Si l’on comprend toutes ses subtilités de sens (une fille d’enfer, une personne glauque), on est évidemment mieux accepté que si on n’y comprend rien. Une façon d’exclure les autres?

Les changements de forme:

  • Certains de ces nouveaux sens sont accompagnés de changements de forme, ce qui rend la signification encore plus obscure pour les non-initiés. Voilà la raison d’être de certaines innovatons sémantiques. On souligne la solidarité du groupe, on assure l’exclusion des autres.

Formes codées et langue générale:

  • Le verlan a le même effet (vieux procédé de modification qui consistait à inverser les syllabes d’un mot pour le déguiser: le tromé «métro», le zomblou «le blouson». Selon Walter, ce procédé traditionnel a été récemment remis à la mode par les jeunes.Le verlan peut aller jusqu’à créer un parler codé, secret, utilisé par des sous-groupes, p. ex., le loucherbem des bouchers de LaVillette.

Les argots et l’argot:

  • Il s’agit de parlers hermétiques, connus des seuls membres d’un groupe, qui peut avoir quelque chose à cacher. On confond parfois sous le terme argot, trois types de lexique différents: l’argot du milieu criminel (criminels, prostituées, meurtriers, etc.), les argots modernes (façons de parler propres à un groupe où une profession, parfois appelés des jargons) et le vocabulaire non conventionnel contemporain, qui affiche le non respect des conventions sociales traditionnelles.

Le vocabulaire non conventionnel:

  • Exemples de ce non respect des conventions sociales tirés du livre de Jacques Cellard et Alain Rey, Dictionnaire du français non conventionnel (Paris: Hachette, 1980). Il semblerait que ceux qui s’en servent veuillent afficher une certaine indépendance d’action, sinon de l’hostilité, à l’égard de la société établie, envers les gens en place.

Aux oubliettes ou dans le dictionnaire?

  • Impossible de prédire quelles innovations lexicales vont finir par s’imposer et entrer dans l’usage général de la langue. Certaines créations sont passagères, mais d’autres répondent à des besoins communicatifs réels, partagés et pardurables. Un mot qui comble une lacune risque d’être accepté avec moins de résistance qu’un terme qui fait double emploi avec un mot déjà établi dans l’usage quotidien. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’à la longue, c’est l’usage public de la majorité qui fait la règle.

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