Leclerc16

Jacques Leclerc, chapitre 16, «La sémantique lexicale» 

Entreé en matière 

Il est plus facile de reconnaître et décrire des unités formelles que d’observer des réalités immatérielles de signification, abstraites mais pourtant réelles. D’où l’accent traditionnel sur la sémantique du mot…, la sémantique lexicale, et sur la lexicologie… étude du lexique sous ses aspects formels et définitionnels. Comme le reconnaît très bien l’auteur, les questions liées à la signification, phénomène de nature abstraite, se prêtent difficilement à une étude systématique.

1 Les unités de signification 
Inspirés par la recherche en phonologie et la morphologie, où l’on tente d’isoler les unités à valeur fonctionnelle (= phonèmes) ou grammaticale (= morphèmes), les sémanticiens se sont mis à se poser la question: «Quelles sont les plus petites unités de signification?» Dans cette perspective, ils établissent une distinction fondamentale entre les unités à sens plein (= les lexèmes et les bases lexicales) et les unités à fonction grammaticale (= les morphèmes, libres et liés).
La signification est exprimée tantôt par des unités lexicales (boeuf, ami, chant-), tantôt par des unités grammaticales (je, de, le, sur, à, de, qui, que, à côté de), tantôt par les deux simultanément, comme dans les syntagmes lexicalisés (le qu’en dira-t-on, le je-m’en-foutisme, un bureau de change, une tête chercheuse, les on-dits, du jamais vu). 
Ensuite, Leclerc passe en revue quelques idées de Ferdinand de Saussure sur la nature du signe linguistique; se rappeler le triangle avec les éléments: signifiant, signifié et référent. Il remarque que le mot boeuf a le même référent en anglais et en français et que les signifiés de boeuf/beef sont en partie les mêmes (= mâle de l’espèce, viande de cet animal). Pourtant, leurs valeurs sont différentes à cause du fait qu’en anglais le mot beef s’oppose à bull, ox, et cow (le terme générique), de façon à produire des nuances de sens qui ne sont pas nécessairement les mêmes dans d’autres langues. Alors qu’en français un boeuf peut être un «homme fort», en anglais la même personne serait un ox (= strong as an ox) ou peut-être un bull, mais sûrement pas un beef. De même, une personne méchante ou mal intentionnée est une vache en français (= Ah, la vache!). En anglais, on ne dirait pas, Oh the cow! mais Whatta bastard!
Dans d’autres cas, il y une distinction entre ce qui est mangeable et ce qui ne l’est pas. En français, on mange du boeuf (ou du veau) et l’animal vivant s’appelle également un boeuf (ou un veau). En anglais, on mange du beef (ou du veal), mais l’animal vivant s’appelle plutôt un cow (ou un calf). Sur le plan lexical, l’anglais présente donc une opposition entre l’animal vivant (non mangeable) et la chair (mangeable) du même animal. En français, un seul et même terme exprime deux valeurs différentes. Par contre, canard désigne à la fois l’oiseau vivant et la chair (mangeable) de ce volatile, sans parler de tous les autres sens de ce mot. Normalement, on mange du poulet, pas de la poule. Cette dernière pond des oeufs; elle est connue avant tout pour ses qualités reproductrices. Quant au coq, il est mangeable seulement sous forme de «coq au vin», plat français très estimé. Autrement, le coq est connu, lui aussi pour son aptitude à la reproduction. Combien de poules trouve-t-on dans un poulailler? Et combien de coqs?
Évidemment, on ne mange ni cow ni calf ni bull ni ox en anglais; on peut dire la même chose de vache et taureau en français, sauf métaphore: vous avez dû manger de la vache enragée! «You’re out of your friggin’ mind!»…, ce qui n’est pas la même chose que manger de la vache folle, littéralement «manger de la viande contaminée par le virus de la vache folle». Puisque les mots ont des valeurs différentes et présentent des oppositions différentes par rapport à d’autres mots dans chaque langue, la traduction littérale est risquée sinon impossible, comme le prouvent les deux petites perles suivantes: «Have you been eating enraged cow?» ou «Alors, quel est ton boeuf?» (= «So what’s your beef?») 
Les valeurs proviennent des possibilités de commutation synonymique et antonymiques (= substitution) dans un seul et même contexte, p. ex., Cette nuit on a eu de la neige (de la grêle, de la pluie, de la poudrerie, de la bruine, du brouillard, de la brume). 
On peut conclure que la signification est:
1) un rapport complexe entre le signifiant, le signifié et le référent (le triangle sémantique)
2) un rapport entre tel mot et tous les autres termes synonymiques et antonymiques (ou tout simplement apparentés) qui pourraient se substituer à lui (= tous les mots formant un paradigme).
3) un rapport entre le lexème et son contexte linguistique, c’est-à-dire, son environnement immédiat, tous les mots qui précèdent et qui suivent le terme
4) un rapport entre l’énoncé et son contexte culturel et historique au sens large. Nous interprétons tous les  énoncés selon nos connaissances culturelles et historiques acquises.
5) un rapport entre l’énoncé et nos présuppositions, nos valeurs, nos attentes, nos idées partagées (dimensions morale, psychologique, comportementales, c.-à-d., par rapport à ce qui constitue un comportement normal ou anormal). P. ex., On a gratifié Paul Bernardo d’un séjour de vacances à vie. Étant donné nos connaissances acquises sur P. B., on peut conclure que le mot gratifié revêt ici un sens nettement ironique, vacances aussi.
Bref, la sémantique (= l’étude du sens) est un phénomène riche et multidimensionnel.

2 Les sèmes
D’après le modèle d’analyse phonétique en traits pertinents, on essaie de dégager les traits pertinents de sens (= les sèmes), ce qui permet de produire des définitions de base. On procède par oppositions binaires: «Quelle est la différence essentielle entre une vache et un taureau, entre une poule et un coq? Quelle est la différence entre vache et taureau d’un côté, poule et coq d’un autre?
Évidemment, on pourrait allonger la liste des animaux et oiseaux et du même coup complexifier l’analyse sémique. Il suffit de remarquer que l’ensemble des sèmes (= «unités constitutives de sens») forment le sémème du mot. Le sémène est une sorte de définition qui résume l’essentiel de la signification: la vache est une femelle des bovins, le coq est un mâle de la volaille; tous les deux sont des êtres animés. Ce genre d’analyse pourrait bien servir les lexicographes, ceux et celles qui confectionnent les dictionnaires. De plus en plus, les entrées de dictionnaire sont conservées et emmagasinées en mémoire d’ordinateur. Quelle est la différence, p. ex., entre un soulier et une sandale, entre une botte et une bottine, entre une botte et une cuissarde, entre une chaussure et un chausson?

3 Les relations de sens 
Le tableau 16.2 présent sous forme schématique les trois principales relations de sens.
– La synonymie est un rapport de recouvrement partiel. Il y a convergence partielle de sens, coïncidence partielle de signification, donc des sèmes partagés par les synonymes, p. ex., gars ~ garçon, fille ~ fillette, brouillard ~ bruine.
– L’antonymie et un rapport d’exclusion, d’opposition ou de contradiction: il n’y a aucune convergence ou recouvrement de sens, pas de sèmes en commun, ex., vrai ~ faux, jeune ~ vieux, chaud ~ froid, torride ~ frigide.
– L’hyponymie est un rapport d’inclusion. Le mot qui représente la catégorie s’appelle l’hyperonyme; il embrasse tous les sous-termes, appelés hyponymes. Tous les hyponymes ont au minimum le sème général de l’hyperonyme, auquel s’ajoutent d’autres sèmes permettant de définir le terme avec plus de précision. Les roses, les pensées, les violettes, les tulipes, les marguerites et les oeillets sont tous des fleurs. En d’autres mots: Fleur est l’hyperonyme dont rose, pensée, violette, tulipe, marguerite, oeillet sont les hyponymes.

3.1 La synonymie
Des mots qui peuvent commuter (= se remplacer l’un par l’autre) dans un même contexte linguistique sont des synonymes.
Exemple: François investit/place/dépense/dissipe/gaspille/perd/jette son argent.
En général, les synonymes portent des nuances de sens: neutre, expressif, familier, populaire, vulgaire, soutenu, soigné, littéraire, ou savant. Leclerc en propose plusieurs exemples.

3.2 L’antonymie
Une relation d’exclusion, d’opposition, ou de contradiction. Deux mots sont antonymes lorsque le sens de l’un entraîne la négation du sens de l’autre. Ce qui est privé n’est pas public. Ce qui est vivant n’est pas mort. Celle qui est présente n’est pas absente. On distingue en général les antonymes contradictoires (l’un entraîne la négation absolue de l’autre) des antonymes opposés. Ces derniers admettant des gradations, des valeurs relatives ou intermédiaires: beau ~ laid (apparence physique), grand ~ petit (taille relative), jeune ~ vieux(âge relatif), légitime ~ illégitime (défendable ou non?) Quand s’arrête la jeunesse? Où commence la vieillesse? Où commence la beauté, où s’arrête la laideur? Est-ce que l’un de ces termes contredit absolument l’autre? Évidemment pas. Pour cette raison, ces termes sont dits antonymes opposés.

3.3 L’hyponymie
Rapport d’inclusion dans une catégorie, comme le montre très bien les exemples présentés par l’auteur.

4.1 La polysémie
Polysémie «plusieurs sens». Pratiquement tous les mots du vocabulaire commun (fondamental, disponible) sont polysémiques, à la différence des mots spécialisés, qui sont monosémiques et qui n’ont qu’«un seul sens». Les termes semi-spécialisés sont le plus souvent monosémiques eux aussi. Cela se comprend, étant donné que ces mots était spécialisés avant d’entrer dans l’usage du public instruit et intelligent.
On est tenté de croire que la polysémie peut causer des ambiguïtés, des confusions de sens, des malentendus. Or, il n’en est rien, parce que les mots n’ont qu’un seul sens à la fois…, en contexte bien entendu! De plus, dans un contexte linguistique ou situationnel donné, on a des indices qui nous permettent de décoder le message avec efficacité. Dans les phrases «Je suis ici! Tu es là!», qui est je? tu? Sans contexte situationnel et communicatif, je pourrait signifier six milliards de personnes différentes. Mais, en fait, cette ambiguïté ne se présente jamais en situation de communication.
Exemples où le contexte linguistique nous tire la signification au clair: une table d’opération, un linge de table, une table ronde, les plaisirs de la table, une table de bois, table alphabétique, table des matières, tables de multiplication, table algorithmique, faire table rase.
L’ambiguïté résultant de la polysémie est généralement voulue (= produite par la volonté du locuteur, par son désir conscient de jouer avec la langue) et reflète l’absence du contexte nécessaire pour procurer une  interprétation sûre. Exemples:
Je préfère le canard à l’alcool.
– Slogan d’Air Canada: We’ve flown over ten million satisfied Canadians.
– Ça fait deux mois que je suis au lit avec le docteur et ça n’aboutit à rien.
Ne pas confondre la polysémie (un seul mot ayant deux ou plusieurs sens) avec l’homophonie (deux ou plusieurs mots différents, chacun ayant son sens propre). Exemples d’ambiguïtés voulues résultant de l’homophonie:
Le malade a reçu une piqûre de morphine (= mort fine?).
– Sa femme s’est fait enlever les ovaires (= les os verts?)
– Le bureau est ouvert (= tout vert?)
– Les cols bleus (= l’école bleue?)

4.2 L’homonymie
Si la polysémie est le fait d’un mot qui a plusieurs sens, l’homonymie reflète des mots différents ayant chacun son origine et son histoire, ayant chacun un sens propre. On peut subdiviser les homonymes en deux sous-catégories: les homophones (mots à prononciation identique mais une graphie différente) et les homographes (mots ayant une graphie identique mais une prononciation différente). Comme homophones courants on peut citer les suivants:
ver(s), vers, vert(s), vair(s), verre(s)
– saut(s), sot(s), seau(x), sceau(x) (se rappeler l’anecdote du «sot du roi»)
sain(s), saint(s), sein(s), seing, (je, tu) ceins, (il, elle) ceint
sers, sert, cerf, serre (substantif) et serre (forme verbale)
Mon veau vaut vos veaux; aller par monts et par vaux
Six cents saints, sains de corps et d’esprit, ne savaient pas à quel sein (= saint?) se vouer!
La limite entre la polysémie et l’homonymie n’est pas toujours évidente. Seule l’histoire (= l’étymologie, l’histoire, l’origine du mot) permet de savoir si on a affaire à un cas de polysémie ou, au contraire, à un exemple d’homonymie. Bref, il faut comprendre l’origine, l’histoire et l’évolution des mots si l’on veut bien comprendre leurs significations. Faute de connaissances historiques personnelles, pourquoi pas consulter un bon dictionnaire étymologique de la langue française?
En termes généraux, l’homonymie est le produit d’un hasard historique: une convergence phonétique accidentelle de deux mots préalablement différenciés l’un de l’autre. Exemples: VERMUM > ver «worm», VERSUS > vers (préposition), VIRIDEM > vert, VARIUM > vair (type de fourrure gris-bleu), VITRUM > verre. Par contre, la polysémie reflète une multiplicité de sens appartenant à un seul terme d’origine; s.v.p., se rappeler l’exemple du mot canard.

Un mot ayant deux sens ou deux mots différents?
– Effectuez une petite recherche dans le Petit Robert ou le Petit Larousse.
Je mange une pêche ~Je vais à la pêche
J’ai appris à patiner sur glace ~ Cette armoire commence à se patiner
Cet enfant est poli ~ J’aime mes diamants bien polis
Chanter un air populaire ~ respirer de l’air frais
La bière blanche de Chambly ~ on a exposé le mort sur une bière

4.3  L’extension, la restriction et le déplacement (la rupture) de sens
Le changement de sens peut se produire par extension, par restriction ou par déplacement (transfert ou rupture de sens).

Exemples d’extensions de sens à partir du sens «original»
ad-ripare «toucher à la rive» > arriver (sens contemporain: ?
ad-bordare «se mettre bord à bord avec un navire» > aborder (sens contemporain: ?
ad-costare «s’approcher de la côte» > accoster (sens: ?
panarium «corbeille à pain» > panier (sens: ?
dépanneur «personne qui vous sort d’une panne» > dépanneur (sens: ?
canard (< de l’ancien français caner «caqueter») > canard (sens: ?

Exemples de restrictions de sens à partir du sens latin:
Lat. ponere «mettre, placer, poser» > pondre (sens moderne: ?
Lat. trahere «tirer (n’importe quoi)» > traire (sens: ?
Lat. vivenda «comestibles, vivres» > viande (sens: ?

Exemples de déplacements (glissements, transferts ou ruptures) de sens.
Le commun des mortels ne voit plus très bien quel est le rapport sémantique entre le sens d’origine et le sens actuel du mot. Le lien entre le sens moderne et le sens ancien a été rompu ou disloqué.
coeur «organe interne, moteur des êtres animés» > coeur «courage, fortitude, siège des sentiments» dans il a du coeur (au ventre), mais «estomac, nausée, dégoût» dans j’ai mal au coeur, je suis écoeuré, c’est écoeurant;
oeillet «petit trou pratiqué dans une étoffe pour accepter un bouton > oeillet «nom d’une fleur qu’on met dans ce trou»;
boutonnière «petit trou pratiqué dans une étoffe pour accepter un bouton» > «fleur qu’on met dans ce trou»;
rivière «cours d’eau relativement large» > «collier ou parure» dans une rivière de diamants.

4.4 La paronymie
On a déjà vu plusieurs exemples du phénomène: il s’agit de la rencontre accidentelle de deux mots phonétiquements voisins. En effet, ce sont des «presqu’homonymes» qui se confondent chez les gens illettrés, fatigués, inattentifs, stupides, ivres, ou atteints de sénilité.
En plus des exemples fournis par l’auteur, on pourrait citer les suivants: infection ~ affection, infecter ~ infester, incrément ~ excrément, barème ~ baromètre, infarctus ~ infraction (et par confusion,*infractus), engin ~ angine, s’exposer ~ s’exploser (au danger de contracter le SIDA, par exemple) et, pour l’anglais: lie ~ lay, effect ~ affect, complimentary ~ complementary, fiscal year ~ physical year, holed up et hold-up, donc par extension: «O.J. was holed up (= held up) in his Santa Monica mansion» et «York students are shunned (= shunted) aside».
La paronymie se rapproche de l’étymologie populaire, là où il y a une interprétation sémantique erronée touchant un mot dont les origines sont peu ou mal connues. Quelques exemples d’étymologie populaire:
hippopotame «animal à grosse hanches» ou cheval (du Gk. hippos) de la rivière (du Gk. potamos)?
jour ouvrable «jour où l’on ouvre ses portes» ou «jour où l’on ouvre = travaille»?
miniature «lettre de manuscrit tracée avec du vermillon (minium rouge) ou «petite lettre» (sous l’influence des paires minuscule ~ majuscule, minimum ~ maximum)?
forain (fête foraine, théatre forain, marchand forain «étranger, qui vient de loin» ou «ayant un rapport avec les foires et les fêtes»?
hébéter «émousser, enlever toute vivacité, affaiblir, engourdir, aplatir» ou «rendre stupide»? (sous l’effet du terme courant bête)

À son tour, l’étymologie populaire se rattache à l’emprunt sémantique, l’emprunt de sens à une autre langue, comme quand un lexème français s’ajoute un sens anglais supplémentaire.
réaliser «rendre réel, produire» sous l’influence de l’anglais realize acquiert le sens nouveau et supplémentaire«se rendre compte de»
opportunité «caractère de ce qui est approprié, de ce qui convient», sous l’influence de l’anglais opportunity acquiert le sens nouveau et supplémentaire «occasion proprice, favorable, ou bonne à saisir»
couper «couper du papier avec des ciseaux» [concret] + Ang. cut [sens abstrait] > «couper les dépenses» au lieu de la formule traditionnelle «réduire les dépenses»
délivrer « rendre libre» («Seigneur, délivrez-nous du mal» + Ang. deliver > «délivrer une pizza, une lettre»
rencontrer «se trouver en présence de quelqu’un ou quelque chose » + Ang. meet (abstract expectations), live up to expectations > «rencontrer ses obligations»
voûte «structure de soutien architecturale» + Ang. bank vault  > «coffre fort ou chambre forte»
alternative «choix équilibré entre deux possibilités ou deux solutions» + Ang. alternative> «solution unique ou le meilleur de deux solutions»

4.5 La métonymie
Une question d’imprécision de langage ou de proximité conceptuelle. On prend X pour Y, donc la cause pour l’effet, le contenant pour le contenu, le lieu pour le produit, l’inventeur pour l’invention, et ainsi de suite. L’auteur offre plein d’exemples. Y en a-t-il que vous ne comprenez pas? Lesquels?

Dans quelle catégorie mettriez-vous les exemples suivants.
– Corbett a toujours bon pied bon oeil
– Jeannette a le nez fin et le bec fin
– Ti-Jean porte son K-Way.
– J’ai de bonnes jambes, moi! (c’est un vieillard de 90 ans qui parle)
J’ai de bonnes jambes, moi! (c’est une fille de 20 ans qui parle)
 You got wheels? «Avez-vous une voiture?» (complète, bien entendu!)

4.6 La métaphore
Il s’agit de modifier le sens d’un mot au moyen d’une image ou d’une représentation mentale. En général, l’image est animée (humaine ou animale). Par contre, le référent auquel elle s’applique peut être inanimé (les pattes d’une chaise, un bras d’escalier, une botte de radis, une tête de celeri, le dos d’une enveloppe, une bouche de métro, être à la tête de l’entreprise, prendre la part du lion) ou animé: (ce mec est un cochon, cette nana est une tigresse, Ah, la vache! Quel cochon!). La métaphore se différencie de la comparaison par l’absence d’un terme de comparaison explicite. Comparez Ce mec est un vrai cochon! avec Ce mec se comporte COMME un vrai cochon! Une botte de radis avec Ces radis RESSEMBLENT À une botte.

4.7 Le classement du vocabulaire (trois catégories)
Le champ lexical est défini par un seul sème et se présente comme un ensemble de synonymes (ou parasynonymes). P. ex., tous les verbes présentant le sème [faire lumière]: luire, briller, étinceler, resplendir, etc.
Le champ sémantique est défini par un ensemble de sèmes apparentés. Il se présente comme une catégorie générale ayant un hyperonyme et des hyponymes. P. ex., [instrument] [de musique][fabriqué par les êtres humains]: trompette, violon, hautbois, saxophone, harmonica, lyre, harpe, piano, orgue.
Le champ morphologique (connu aussi sous le nom imprécis de famille de mots). Il se présente comme un ensemble de mots qui partagent un même trait de morphologie (p. ex., tous les verbes en re-, ré-, r-, tous les noms en -age, tous les adverbes en -ment), ou un ensemble de termes contenant une même base lexicale, soit terr(e):pomme de terre, ver de terre, pied-à-terre, terre-plein, terre-à-terre, terrasse, terrasser, atterrir, atterré, atterrissage, finisterre), ou tous les substantifs composés présentant la même structure syntaxique, p. ex. [substantif + préposition + substantif]: lampe à l’huile, poêle à gaz, moteur à essence, bouteille à bière, salade à tomates, fils à papa; bureau de poste, ver de terre, bras d’escalier, tête de celeri, botte de radis,  bouteille de bière,  salade de tomates, fêtes de Noël, etc.

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